Interview David Couji

1. Quel est ton parcours au club et pourquoi es-tu devenu éducateur ?
Ma chambre donnait sur les vestiaires et depuis tout petit, j’entendais le bruit des crampons en fer claquer sur le sol. Je regardais les Verts à la télévision, à la grande époque de Saint Etienne, et les tango/marine de Châtillon depuis ma fenêtre. Je voulais faire comme Gérard Janvion ou Jacques Zimako : jouer au football. J’ai bassiné longtemps mes parents pour qu’ils m’inscrivent au foot. J’ai signé ma première licence lors de la saison 77/78 (du siècle dernier). Puis j’ai joué jusqu’en cadets (NDLR : U16/U17 aujourd’hui). Enfin, débuté en poussins avec un éducateur emblématique du club, à l’origine de l’école de football : Stéphane Henry. C’est à mon entrée en apprentissage que j’ai dû faire le choix de mettre le football entre parenthèse.
>Quelques années plus tard, à mon retour du service militaire en 1990, un voisin qui était dirigeant, m’invite à le rejoindre, car le club manquait d’encadrants. C’est là que je retrouve Stéphane Henry qui deviendra mon responsable, mais surtout mentor dans le rôle d’éducateur. Il m’envoie passer mes premiers diplômes en 1991 et 1992 et depuis la passion continue de m’animer chaque semaine.
2. Peux-tu nous raconter une anecdote que tu as au club ?
Ouh là…! (NDLR : il réfléchit…) J’en ai beaucoup ! Allez une qui date de mes débuts.
Je jouais en pupilles (U12) et nous affrontions la Paris FC au Stade Yves du Manoir de Colombes. Ça devait être la coupe des Hauts-de-Seine. Sur le bord de touche, un de mes coéquipiers reconnait Francis Borrelli, le Président du PSG à l’époque, dans sa grande gabardine beige. On se dit tous : » Eh les gars, il faut faire un grand match si on veut peut-être se faire repérer par le boss du PSG « . Résultat final, on perd 11-1. Le rêve n’a duré que quelques minutes.
3. Donne-nous ton meilleur souvenir au club en tant que joueur ou éducateur ?
Difficile de ressortir un meilleur souvenir. En tant qu’éducateur, c’est certainement le titre de champion obtenu avec les moins de 13 ans, génération 83-84 (NDLR : U14 aujourd’hui) à la toute dernière journée de la saison 96/97. À l’époque, il n’y avait pas de site internet. Il fallait attendre la parution dans le journal du District pour connaitre le mardi les résultats et classements. Il n’y avait pas non plus de téléphones portables ou très peu et les SMS étaient payants. Sèvres, qui semblait inaccessible puisque 1ᵉʳ sur toute la seconde partie de saison, devait perdre son dernier match. Et nous le gagner pour avoir une infime chance d’être champion. Scénario improbable : Sèvres perd son dernier match et nous, on le gagne.
Pour ce qui est du meilleur souvenir en tant que joueur, sans aucun doute : le maratra. Seuls les vieux comme moi se souviendront.
4. Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées en ce début de saison ?
La plus grande difficulté rencontrée en cette première partie de saison est que Pat et moi nous ne pouvons jamais aligner la même équipe le dimanche. Nous avions un match référence remporté 6-1 contre le LSO Colombes. Avant et après ce match, impossible d’aligner le même onze de départ et par conséquent le même système de jeu. Une hécatombe de blessés depuis ce début de saison, se portant jusqu’au nombre de 10 pour le dernier match de coupe de HdS contre Puteaux. Nous avons pourtant fait une très bonne préparation physique depuis le 21 août, dirigée par notre préparateur club, Harouna. C’est incompréhensible !
5. Quel premier bilan peux-tu faire de cette première partie de l’année ?
Le bilan est comptablement très négatif. 9e sur 10 après 8 journées. Après deux descentes consécutives, la place du SCMC Football n’est pas en D4 pour sa senior 1. Avec tout le respect que je dois avoir pour les clubs adverses, nous nous devons de retrouver le niveau qui doit être le nôtre : au minimum la D2. Le chemin sera long. On a pu le voir contre Puteaux, mais il faut travailler tous ensemble pour atteindre cette cible dans les prochaines années.
Au-delà des résultats nets, si on les prend hors T.V.A (séances d’entrainements, contenus de matchs), cela reste encourageant par rapport aux 2 saisons précédentes. J’ai la chance de travailler cette saison avec Patrick Chauvet, notre responsable technique et lui aussi enfant du club. Il m’apporte toute son expérience. Comme il aime le dire, entre nous les désaccords au niveau football sont aussi épais qu’une feuille de papier à cigarette. C’est très fluide avec Pat. On est plutôt très confiant pour la seconde partie de championnat.
6. Quelles sont les principales forces de ton équipe ?
Cette saison, nous avons pu nous appuyer sur un noyau déjà façonné lors des deux précédentes saisons. Nous avons un bon groupe de super mecs. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi que ces bons mecs jouent ensemble, les uns pour les autres. S’ajoute à ce noyau une rigueur, tant administrative que sportive, une exigence et du bon travail en séances, qui donneront je l’espère leurs fruits dès reprise en janvier. À ce noyau est venu se greffer des joueurs d’expérience avec une qualité football intéressante et des jeunes pleins d’énergie. L’alchimie de ce groupe n’est plus à démontrer pour nous les coachs. Reste maintenant à appliquer tous les principes de jeu travaillés aux entrainements et la force de l’équipe sera tout simplement L’EQUIPE.
7. Comment évalues-tu l’engagement et la motivation des joueurs jusqu’à présent ?
On pense souvent que la qualité d’un éducateur ou d’un entraineur s’évalue en fonction de son classement. Si tu montes, tu es un top coach et si tu descends et bien… Et je ne ma cache pas derrière mon petit doigt. Je prends toute ma part de responsabilité sur les 2 descentes consécutives. Mais ce n’est à mon sens pas aussi binaire.
>Le baromètre que l’on partage avec Pat est que depuis le début de saison (c’était le cas aussi lors de la précédente lorsque j’étais seul) le nombre de joueurs ne moyenne présents aux séances. Malgré cette « épidémie » de blessures, nous comptons en moyenne 16 joueurs en séances sur un groupe de 20/22 joueurs. Je pense que nous n’avons pas de problème d’engagement ni de motivation.
8. Quels sont les objectifs de l’équipe et tes objectifs personnels pour la deuxième partie de la saison ?
Les objectifs de l’équipe sont assez simples. Faire beaucoup mieux que ces huit premiers matchs et assurer le maintien dans cette division. Faire l’ascenseur après deux descentes de suite, c’est une belle ambition, mais indépendamment du niveau, cela reste un fait rare, même chez les pros. Alors si on veut être raisonnable, il va déjà falloir juguler la chute entamée il y a deux saisons et bâtir un socle solide pour se maintenir cette saison et envisager une remontée la saison prochaine. Pour ce qui est de mes objectifs personnels, j’aimerais, si le club me le permet, ramener l’équipe fanion là où je l’ai prise en 2022, en D2. Mais pour être tout à fait honnête, l’objectif réel est que la santé soit au mieux pour me permettre de vivre ma passion sur le terrain comme je le fais depuis maintenant 33 ans. Tout le reste, c’est un peu de la littérature ;-).
9. Quelle vision du club as-tu sur les prochaines années ?
Ah c’est là qu’on entre dans les choses sérieuses (rire) ? Eh bien pour être tout à fait franc, mon rêve de jeune éducateur était de pouvoir entrainer un jour l’équipe première de mon club. Mon rêve devenu réalité – et j’en profite pour remercier Pat Chauvet qui m’a fait et me fait toujours confiance – est devenu un cauchemar. Jamais je n’aurais imaginé que l’équipe première serait à ce niveau, et ce, encore une fois, avec la part de responsabilité que j’endosse.
Indépendamment de cela, ou peut-être est-ce lié, le club a changé depuis quelques années. Je n’entrerai pas dans les détails ici, mais ma vision n’est pas très optimiste si les rameurs que nous sommes tous, au service du club, ne ramons pas TOUS dans le même sens. Le club existe depuis 1921. Il était là bien avant nous ; j’espère qu’il le sera très longtemps après notre bref passage en son sein.
10. Où te vois-tu sportivement dans cinq ans ?
Sportivement ou pas, j’aimerais déjà me voir dans cinq ans (sourire). La vie m’a appris à ne plus prévoir de plan sur un trop long terme. J’ai désormais appris à être heureux chaque matin quand je vois la lumière du jour. Alors dans cinq ans… 🙂
Bien qu’étant très mauvais en math (mes joueurs pourront te le confirmer 🙂 ) et pour répondre à la question, dans cinq ans, j’espère pouvoir entrainer ou applaudir des tribunes l’équipe fanion de Châtillon accédant à la R3. J’ai bon sur le calcul ?